L'homme qui roulait derrière un bateau volant. Depuis le temps que Pierrick me racontait ses incroyables histoires de Paris Brest Paris, Bordeaux - Paris, bordeaux - Madrid, j'ai enfin pu vivre l'une de ses aventures.
Dimanche 17H.
Nous avons pris le départ au fond du peloton , nous étions placé devant mais j'ai voulu dire bonjour à Hervé avec qui on avait fait le BRM600. Nous étions content de nous retrouver. Le départ lancé nous avons fait l'effort de remonter sur le devant et puis j'ai creuvé à 15 km du premier ravitaillement, une crevaison lente, j'ai pu m'arrêter à la première lumière d'un village où des gens applaudissent les fous en vélo, dommage on était dans un groupe rapide. Nous sommes arrivé au ravitaillement mon pneus était encore à plat. J'ai remis mon pneu de secours, je transporte 20kg dans mes sacoches mais au moins je reste pas en rade.
ensuite les étapes se succèdent sans problème, on se restaure à chaque étape. Nous arrivons à Brestle lundi vers 22h, nous y sommes accueillis avec des fraises offertes par un producteur local, quel régal, et c'est bien mérité. Pierrick a fini dans le dur, la dernière cote lui a fait du mal, 600km avec un vent de face ça laisse des traces même en restant à l'abris. Au controle il y avait beaucoup trop de monde. Nous décidons vers 0h de repartir à deux par Carhaix. L'étape a été longue, Pierrick est dans une fatigue prononcé. On dort 30mn sur le sol d'une cafétéria. c'était notre premier micro dodo. Il est environ 5H du matin on repart dans un froid glacial. On se croirait en hiver, les mains engourdies, je tremblote mais on roule jusqu'à la prochaine étape. Pierrick est dans le dur mais il enchaîne cote par cote.
Le matin la météo est bonne, on a le vent de dos, c'est une bonne nouvelle, on avait peur que le vent tourne. On continue, on a du dormir deux fois 15 mn avec un arrêt à la cafétéria de chaque étape comme à l'aller. Il est trés important de bien manger, de prendre des repas et d'éviter les grignotages qui pourrait nuire au bon fonctionnement du corps et d'éviter une carrence. J'ai pris deux bouteilles de thé glacé breton de 33cl pour les enfants, en rentrant je prévois déjà l'apéro habituel en famille.
Une nouvelle nuit arrive, le calvaire de Pierrick a déjà commencé. Il roule au milieu de la route, il suit les pointillés la tête baissé et une douleur à l'épaule gauche. Il me dit qu'il voit mal et comme ça c'est mieux. Puis il part complétement à gauche et longe le bas coté, je le surveille et le rappel à chaque arrivé d'une voiture. Il est obéissant, Pierrick est redevenu un petit garçon. il me dira plus tard qu'il suivait un bateau volant et qu'il m'avait rien dit pour me cacher son état.
Au point de controle à Vilaine, je lui dis d'aller dormir. Il a choisi de prendre que 2 heures, pourtant on avait de l'avance pour rentrer en moins de 80 heures mais ne connaissant pas la suite je ne l'ai pas forcé à dormir d'avantage. Pierrick va mieux mais uniquement dans sa tête. Moi j'ai mal au genoux, dans la nuit j'ai poussé Pierrick dans certaines bosses. Alors on repart pour les collines du Perches. On se rend bien compte que le Paris Brest Paris n'est pas un simple aller/retour. On cherche toutes les difficultés possible pour que le Paris Brest Paris soit un défi.
Le Perches fait mal et ce matin le vent a tourné, il est de face, ça monte ça descent, on avance lentement. Désormais Pierrick s'arrête en haut de chaque cote, parfois on s'allonge 5 minutes sur le bas coté de la route. Enfin on arrive à Dreux la Déllivrance, oui Pierrick s'est bien battu. On mange et on repart. Il pense encore au chrono, c'est un fou. Le guerrier est de retour à rambouillet, il a mis 71h36, son cinquième Paris Brest Paris, cette fois j'y étais. Voilà comment un amoureux de vélo, bon vivant, agréable, gentil a réussit son défi. Biensûr, il dira toujours qu'il réussit grâce l'aide des autres, mais il se trompe, il est tenace et jamais il ne s'est plaint et n'a prononcé le mot "abandonner".
Une belle leçon de courage !
je n'oublirai jamais, Ton ami Stéphane